Santé au Maroc : pour un nouveau partenariat public-privé à la hauteur des défis du moment
Santé au Maroc : pour un nouveau partenariat public-privé à la hauteur des défis du moment
« Notre Pays se fraye un chemin sûr vers une plus grande justice sociale et territoriale », a déclaré Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, dans Son discours d’ouverture du Parlement, le 10 octobre 2025. Cette phrase résonne profondément dans le monde de la santé. Elle résume à elle seule l’ambition d’un Royaume qui veut conjuguer progrès et équité, célérité et proximité, solidarité et performance.
Or, la santé au Maroc traverse une zone de turbulences qui ne date pas d’hier. Le constat est partagé : l’architecture du système est fragilisée, non seulement par le manque de ressources, mais surtout par l’érosion de la confiance entre ses acteurs. Le secteur public, garant de la mission de service universel, ploie sous la pression démographique et l’exigence croissante de qualité. Le secteur privé, lui, s’est imposé au fil des années comme un maillon essentiel de l’offre nationale, mais il reste souvent perçu avec suspicion, comme un concurrent plutôt qu’un allié.
Pourtant, la pandémie a révélé une vérité : quand le pays fait face à l’épreuve, les cloisons tombent. Public et privé ont œuvré ensemble pour sauver des vies. Cette expérience devrait servir de socle à une nouvelle ère : celle de la complémentarité assumée, au service de l’intérêt général.
Le Maroc compte aujourd’hui environ 32 000 médecins en exercice, loin du seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Et malgré les efforts considérables de formation — près de 2 100 à 2 200 nouveaux médecins diplômés chaque année pour un objectif de 5000 à partir de 2026 —, le pays en perd plusieurs centaines chaque année, attirés par des systèmes étrangers en quête eux aussi de talents. Ce constat souligne que le problème n’est pas seulement quantitatif : il est structurel et moral. Il faut recréer les conditions de la confiance pour que les soignants restent, s’engagent, et croient en la promesse d’un système de santé national performant et juste.
Sortir de l’opposition stérile : travailler côte à côte
Pendant trop longtemps, le débat sur la santé a été enfermé dans une opposition simpliste : d’un côté, un secteur public porteur de l’intérêt général ; de l’autre, un secteur privé supposément guidé par la rentabilité. Cette opposition est aujourd’hui stérile. Dans la vision de Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’assiste, le développement du pays repose sur la coopération, la complémentarité et la célérité. La santé ne doit pas être une exception à cette règle.
Le secteur privé n’a pas toujours été irréprochable. Certains comportements ont pu nourrir la méfiance : opacité tarifaire, implantation désordonnée, communication insuffisante. Mais il serait injuste de le réduire à ces dérives. Car dans les faits, le privé a largement contribué à renforcer la qualité des soins et à étendre le maillage territorial.
Le Groupe Akdital, premier opérateur privé marocain, en est l’illustration. Avec plus de 4 500 lits déployés sur l’ensemble du territoire, un effectif de près de 10 000 collaborateurs, dont près de 80 % ont moins de 40 ans, et une présence affirmée dans des régions souvent éloignées des grands centres médicaux, Akdital participe activement à la réduction des fractures territoriales. Ses établissements de Dakhla, Guelmim, Errachidia ou Nador démontrent que la santé privée peut être un vecteur de cohésion nationale autant qu’un levier d’investissement.
Il ne s’agit pas de substituer un modèle à un autre, mais de conjuguer les forces : un État stratège et garant de l’équité, et un secteur privé responsable et innovant, capable d’apporter agilité, expertise et proximité. Ce nouveau rapport n’a rien d’idéologique : il est pragmatique, fondé sur l’intérêt du patient, non sur la défense de périmètres institutionnels.
Le défi humain : retenir, former et valoriser nos talents
Aucun système de santé ne peut se construire sans son capital humain. Et sur ce terrain, le Maroc affronte une crise silencieuse : la fuite des compétences médicales. Chaque année, plusieurs centaines de jeunes médecins quittent le pays, séduits par des conditions de travail plus attractives à l’étranger. Cette saignée, à terme, menace notre souveraineté sanitaire.
Répondre à ce défi suppose de dépasser les clivages sectoriels. Le médecin marocain ne devrait pas avoir à choisir entre un service public contraint et un secteur privé fermé. Il devrait pouvoir évoluer dans un écosystème fluide, où la formation, la recherche et la pratique clinique sont pensées de manière complémentaire.
Les partenariats entre universités et établissements privés peuvent ouvrir la voie à de nouveaux modèles d’enseignement clinique et de formation continue. De même, les passerelles professionnelles — aujourd’hui rares — doivent être facilitées pour que les compétences circulent, s’enrichissent mutuellement, et renforcent la cohésion du corps médical national.
Chez AKDITAL, cette conviction guide notre action. Nos équipes, jeunes, féminisées et issues de toutes les régions, incarnent une nouvelle génération de soignants marocains attachés à leur pays. Notre responsabilité est de leur offrir des conditions d’exercice qui allient exigence médicale, reconnaissance professionnelle et ancrage humain. Car retenir un médecin, c’est lui donner des raisons d’espérer, pas seulement un poste.
Refonder le pacte public-privé : le temps du courage collectif
Si le diagnostic est connu, l’heure est à la refondation. Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’assiste, a tracé la voie : il faut des politiques menées avec célérité, fondées sur la justice sociale et territoriale, et évaluées par leurs résultats concrets. Dans cet esprit, la tenue d’Assises nationales de la santé s’impose désormais comme une étape nécessaire.
Ces Assises devraient rassembler tous les acteurs — institutions publiques, professionnels, syndicats, investisseurs, associations de patients et collectivités — autour d’une même table pour bâtir un pacte public-privé rénové. Il ne s’agit pas de débattre des responsabilités, mais de repenser les complémentarités. De mettre à plat les sujets sensibles : la place du médecin du public, la transparence tarifaire, la répartition des infrastructures, la planification sanitaire. De faire émerger une vision commune où l’éthique du soin prime sur la logique de clocher.
Le secteur privé, pour sa part, ne revendique aucun privilège. Il souhaite seulement être reconnu comme un partenaire à part entière, engagé dans l’effort national. Chez Akdital, notre ligne de conduite est claire : ne pas faire partie du problème, mais partie de la solution.
L’objectif ultime est simple : faire de la santé non plus un champ de confrontation, mais un chantier d’union nationale.
Quand Sa Majesté le Roi appelle à la célérité, il appelle à la responsabilité. Quand Il évoque la justice territoriale, Il invite à la coopération. Quand Il parle d’efficacité, Il exige des résultats. C’est dans ce sillage que nous voulons inscrire notre action : construire, aux côtés de l’État, une santé marocaine moderne, solidaire et digne des ambitions du Royaume.
Par le Dr Rochdi Talib, Président-Directeur général du Groupe AKDITAL